COVID-19 : Les entreprises durables voient (encore) plus loin
Comme toutes les crises avant elle, la crise du COVID-19 a généré un changement de paradigme, tant du côté des consommateurs que des entreprises. Elle pousse les entreprises traditionnelles à revoir leur business model, et les entreprises durables à aller encore un pas plus loin dans leur démarche. Tour d’horizon d’initiatives porteuses de sens pour penser sereinement l’après-coronavirus.
Le 13 mars 2019 marque, à plusieurs niveaux, un tournant, tant dans la façon de consommer que dans l’offre proposée. Depuis le début de la crise COVID-19, la solidarité s’organise et fait naître de nouvelles collaborations, de même qu’elle révèle de nouveaux acteurs sociaux. Les citoyen.ne.s ressortent leur machine à coudre et leurs cabas, les entrepreneur.e.s repensent leur business model et leur chaîne de distribution.
La durabilité comme solution à la crise
Le chemin vers plus d’éthique et plus de durabilité n’est pas le plus aisé à emprunter. Les entreprises durables bruxelloises s’engagent donc à montrer la voie, en proposant une série d’initiatives à mettre en place pendant et après la crise.
Réplicables à l’envi, inspirantes, ces initiatives ont pour objectif de relancer l’économie tout en révélant l’importance du lien social, du circuit-court, et, surtout, de la solidarité.
Des initiatives durables pour faire du consommateur un consom’acteur
YUMAN: des bon circulaires… et solidaires
Le Yubon est un bon solidaire et circulaire valable 1 an à partir de la date d’achat. Vous choisissez le montant que vous voulez dépenser chez Yuman et vous ajoutez une contribution pour l’ASBL DoucheFlux.
Yuman, c’est le premier centre commercial « one stop shopping » durable et circulaire en Belgique. On y trouve près de 800m2 de biens et services circulaires et durables pour la vie quotidienne: cosmétique, vêtements, bijoux, déco, livres de seconde main (via Pêle-Mêle), produits d’entretien… le tout issu de l’économie circulaire.
« Derrière Yuman, 80 fournisseurs, soit en dépôt-vente soit en achat-vente. Ce sont de petites structures locales, durement impactées par le COVID-19 » explique Quentin de Combrugghe, co-fondateur de Yuman. « Nous avons donc rapidement décidé de mettre en place un bon à valoir pour les aider ».
Il nous semblait primordial d’ajouter une dimension sociale à cette initiative, en accord avec les valeurs de notre projet et se distinguant des aides « traditionnelles ». C’est comme cela que nous sommes entrés en contact avec l’asbl doucheflux.
Le Yubon est déjà un succès: à ce jour, 25 litres de gel douche et près de 15 litres de gel hydro-alcoolique ont ainsi pu être distribués aux personnes en situation précaire.
Le geste solidaire qui donne le sourire: le marché couvert bio The Barn, situé de l’autre côté du trottoir, a mis de côté quelques unes de ses palettes de fruits et légumes en vrac pour exposer les produits de son voisin durable le temps du confinement.
Quentin de Crombrugghe
Co-fondateur de YUMANAu vu de notre positionnement, on peut espérer que notre concept soit plus résilient qu’un autre, et qu’il concoure à l’accélération d’une transition vers un modèle économique plus durable et plus éthique.
WeCo store: des vouchers pour se lancer dans la slow fashion
Des bons d’achat valables 1 an pour pouvoir profiter de la nouvelle collection.
We Co Store, c’est une coopérative en construction destinée à promouvoir une mode plus transparente, plus respectueuse de l’environnement et de l’Humain. Lancée sous forme de pop-up store avec le coup de pouce de l’incubateur commercial de hub.brussels L’Auberge Espagnole, WeCo est aujourd’hui une boutique qui propose une vingtaine de marques européennes: des vêtements et accessoires pour hommes et femmes ainsi que du linge de maison.
Dès le début du confinement, ses créatrices ont opté pour les bons à valoir, afin de respecter la distanciation sociale. Une initiative qu’elles comptent faire perdurer même à la réouverture du magasin. « Le succès des bons nous fait chaud au cœur », explique Adeline Fery, co-gestionnaire de WeCo Store. « Les sommes récoltées nous ont permis de payer le loyer et les divers frais liés à la boutique ».
Derrière le succès de ces bons, un changement de paradigme dans la consommation?
Le projet WeCo a la chance d’avoir derrière lui une communauté très engagée et souhaitant voir le projet perdurer. Le succès des bons à valoir traduit un besoin certain de changer la manière de consommer, et la crise actuelle nous démontre l’importance de revenir à du local. WeCo a encore plus de sens aujourd’hui.
Le geste solidaire qui fait sourire: WeCo a trouvé un arrangement avec son propriétaire, qui a accordé à ses locataires une baisse de loyer pendant toute la durée de la crise.
Adeline Fery
Co-gestionnaire de WeCo StorePlus que jamais, nous ressentons chez le consommateur un besoin de sens dans l’acte d’achat. Le projet WeCo prend encore plus de sens aujourd'hui.
BIÈRES DE QUARTIERS: Une plateforme de soutien aux établissements horeca bruxellois
Des bons d’achat de repas (comprenant 1 bière) ou de tournées (comprenant 3 bières) au sein d’une série d’établissements phares dans les différents quartiers bruxellois.
Bières de Quartiers, c’est l’envie de mettre en avant les commerces de proximité par la production de bières ultra locales, dont la recette se décline au gré des spécificités du quartier… et qui se commercialisent essentiellement dans les quartiers qui les ont vues naître.
À ce jour, 7 quartiers peuvent se targuer d’avoir une bière brassée à leur image: Trois Tilleuls & Wiener (Watermael-Boitsfort), Chasseur Ardennais (Schaerbeek), Stockel (WSP), Schweitzer (Berchem-Saint-Agathe) et Saint-Boniface & Cimetière d’Ixelles (Ixelles).
L’idée du projet initial étant de soutenir la vie de quartier par le biais de ses commerces, nous ne pouvions rester les bras croisés à l’approche de la crise », explique Greg Malcause, co-fondateur de Bières de Quartiers. « Il nous fallait trouver au plus vite une manière de fédérer les acteurs du quartier dans un projet porteur et commun.
Ainsi est née la plateforme Je soutiens mon horeca de quartier. « La présence des établissements horeca sur cette plateforme permet de maintenir le lien avec leur clientèle et de montrer qu’ils sont toujours bien présents, malgré le confinement. »
La plateforme permet en outre d’assurer aux établissements un minimum de rentrées malgré la fermeture de leur espace physique.
L’initiative est un succès: parmi les bons enregistrés sur la plateforme, 50% sont des dons. « Tous ces dons sont accompagnés de messages personnalisés. Les donateurs et donatrices appellent les commerçant.e.s par leurs prénoms et partagent avec eux leur optimisme et leurs espoirs pour demain. Ces marques de soutien sont très touchantes et révèlent la force et la richesse d’une vie de quartier. »
Le geste solidaire qui donne le sourire: Bières de Quartiers reverse automatiquement 5 euros pour chaque caisse livrée dans une cagnotte commune, redistribuée à tous ses membres.
Greg Malcause
Co-fondateur de Bières de QuartiersMalgré le confinement, la crise a créé de nouveaux liens, notamment au sein d’un même quartier. Cette appartenance à une communauté renforce l’importance des commerces de proximité et permet le développement de nouvelles identités de quartiers.
KINOGRAPH: des cinés en plein air et des places pour l’Après
Un bon d’achat comprenant des bières de Bières de Quartier et une/des place(s) de cinéma.
Premier pop-up cinéma de Bruxelles, le Kinograph s’est installé au sein des anciennes casernes d’Ixelles dans le cadre du projet d’occupation transitoire See U. Organisé sur un modèle coopératif, le Kinograph invite les citoyen.ne.s à s’impliquer de diverses manières dans la vie de leur cinéma de quartier: accueil des spectateurs.trices, gestion du bar, de la billetterie ou encore programmation des films.
Pour Thibaut Quirynen, co-fondateur du Kinograph, il s’agissait avant tout de garder le contact avec les client.e.s et bénévoles pendant la crise:
Le Kinograph étant un projet coopératif, il nous semblait tout bonnement inconcevable de baisser le rideau et de leur dire « Bon, et bien, à la prochaine ». Nous avons donc directement lancé un espace de dialogue à travers les divers canaux de notre communauté, afin de trouver ensemble des pistes de solutions. Celle-ci s’est, comme à son habitude, montrée à la hauteur de la mission, et ainsi est né le ciné des confinés. »
Une série d’autres initiatives ont également été suggérées pour amorcer la sortie du confinement. « Nous avons déjà prévu différentes séances de cinéma en plein air, respectant la distance sociale réglementaire, et nous avons également inscrit le Kinograph sur la plateforme Je soutiens mon horeca de quartier. Ses porteurs ont été très réactifs, nous contactant 10 jours à peine après le début de la crise et permettant une transition rapide du physique au virtuel. »
Mais le Kinograph ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. L’équipe a en effet lancé un webshop de produits éco-responsables liés au cinéma et répondu à un appel de la Commission Européenne pour le lancement d’un club de programmation européen, en collaboration avec des salles de cinéma d’Amsterdam et de Marseille: « L’occasion de toucher un public plus diversifié, tant au niveau de l’âge que des origines, et de faire renouer le jeune âge avec les salles obscures. »
Le geste solidaire qui donne le sourire: Le Kinograph est en dialogue constant avec d’autres salles de cinéma indépendantes bruxelloises. Les établissements culturels échangent leurs bonnes pratiques et analysent ensemble l’application des mesures fédérales et régionales pour leur secteur d’activités.
Thibaut Quirynen
Co-fondateur du KinographLe confinement montre l’importance du lien social et d’initiatives telles qu’un cinéma de quartier, faisant des spectateurs des acteurs engagés.
Plus d’initiatives bruxelloises pour faire face au COVID-19?
Suivez sur les réseaux de hub.brussels le hashtag #resilientbxl et découvrez de nombreuses pistes de solution proposées par les citoyen.ne.s, autorités ou commerçant.e.s bruxellois pour rester à flot!