Alimentation: l'art de faire du local à l'international
Frêt aérien, porte-conteneurs, surproduction, pollution : voici quelques idées peu reluisantes qu’on pourrait se faire de l’export… Mais il y en a d’autres. Laissez-nous vous conter les aventures d’un bocal de chutney bio, d’un pot de nut butter naturel et d’une bouteille de jus de fruit artisanal, qui ont pu allier exportation avec durabilité et rentabilité.
Bruxelles est belle. Bruxelles est audacieuse. Mais Bruxelles est petite, aussi. Pour pouvoir grandir, son savoir-faire doit donc à, un moment ou à un autre de son développement, envisager la grande aventure de l’exportation.
Mais attention, ce n’est pas parce qu’on fait de l’artisanal qu’on ne peut pas se développer à l’international. Ou plutôt: ce n’est pas parce qu’on veut voir grand qu’on ne peut pas rester petit. Et ça, Pipaillon, BUDDY BUDDY et FROUI l’ont bien compris.
Focus sur trois irréductibles artisans et artisanes du goût bruxellois, résistant encore et toujours à la production de masse.
L’alimentation, un secteur propice à l’exportation limitrophe
À l’image des nombreux autres secteurs, le secteur alimentaire bruxellois a subi de plein fouet la crise du Covid. « Notamment parce que la plupart de nos producteurs évoluent dans le haut de gamme et que la crise économique a fortement impacté leurs ventes», explique Thomas Dupan, Area Manager pour l’Europe chez hub.brussels. « Mais aussi parce que, dans ce secteur, les rendez-vous en chair et en os restent essentiels pour conclure des ventes. Il faut pouvoir voir, toucher, sentir, goûter les produits ».
Or, ces prospections physiques ont été rendues impossibles pendant près de 2 ans.
Le succès croissant des foires alimentaires
Parmi les 763 entreprises bruxelloises exportatrices interviewées dans le cadre d’une enquête menée par hub.brussels et Credendo à l’été 2020, 28% considéraient toutefois que l’alimentation restait l’un des secteurs les plus propices à l’export, après l’industrie pharmaceutique, la biotechnologie, la chimie et la construction.
Et cela se traduit de plus en plus sur la scène internationale, comme le démontre Thomas Dupan: « Depuis quelques années, on note une augmentation croissante de demandes de participation de nos entreprises bruxelloises à des foires alimentaires à l’étranger. »
Comme la demande des entreprises est aujourd’hui plus forte que l’offre en place sur les salons, hub.brussels a dû mettre en place un système de critères pondérés, notamment afin de privilégier le développement des entreprises durables ou en transition : production locale, impact sur l’emploi peu qualifié, utilisation d’ateliers protégés…
Du homemade, sur toute la ligne (de production)
Face à la demande toujours croissante d’une consommation plus réfléchie et plus responsable, on voit ainsi se profiler sur la scène internationale de l’alimentation un nouveau type d’entreprises: loin des clichés de l’agro-alimentaire, elles se distinguent par une approche locale et éthique, tant dans le choix des matières premières que dans les modes de production/transformation/distribution.
Leurs fondateurs et fondatrices restent souvent à la fois au four et au moulin ; un choix assumé et revendiqué.
« Notre secret? La qualité et la flexibilité de notre offre. Nous sommes restés des artisans, en prenant le temps de bien grandir, petit à petit, au gré des retours de clients qui nous challengeaient » explique ainsi Catherine Bodson, fondatrice de Pipaillon. Démarrée dans une petite maison bruxelloise en 2014, sa conserverie bio enchante désormais les papilles françaises, luxembourgeoises, autrichiennes, allemandes et… coréennes.
Idem encore chez FROUI: les deux créateurs de la jeune start-up boisfortoise procèdent eux-mêmes au pressage et à la mise en bouteille de leurs jus artisanaux sans sucre ajouté, qui s’exportent aujourd’hui en France, en Allemagne et à Monaco.
Même son de cloche, à Etterbeek, du côté de BUDDY BUDDY dont les deux fondateurs assurent la production complète de leurs nut butters, de la torréfaction à la mise en pot : « Nos nut butters sont entièrement fabriqués à la main à Bruxelles, seulement 20 pots à la fois. Pour obtenir le meilleur goût et la meilleure texture, chaque oléagineux est broyé immédiatement après avoir été torréfié à la perfection. »
Leurs nut butters font le bonheur des gourmands luxembourgeois, hollandais, français, allemands, irlandais, anglais, suisses ou encore espagnols.
Le local et le bio au cœur de la production
« Globalement, l’offre en alimentation bruxelloise est bio et innovante », nous renseigne Thomas Dupan. « C’est le créneau le plus porteur et c’est vers cela que nos entreprises tendent ».
Au lieu des traditionnelles options plastiques, Jeffrey et Laurent de FROUI optent ainsi pour des bouteilles en verre et des tetra aux bouchons en canne à sucre. L’éthique et le bio remplacent les grosses marges et la volonté de croissance à tout prix. Leurs fruits sont quant à eux issus de l’agriculture biologique.
La gamme de confitures, tapenades, chutneys et citrons confits de Pipaillon se conserve quant à elle en bocal. Les productions sont locales et saisonnières, travaillées artisanalement dès la récolte. « Nous travaillons avec les meilleurs ingrédients Bio, en provenance directe de nos partenaires producteurs. »
Chez Buddy Buddy, les producteurs de noix sont rigoureusement sélectionnés sur base de leur position géographique, de leur production biologique durable et de leur qualité. « Nous nous approvisionnons en oléagineux biologiques de la meilleure qualité, directement auprès des agriculteurs en circuit court dans la mesure du possible, et sans avoir à les faire venir de l’autre bout du monde ».
Des salons pour se rendre visible à l’international
Les foires sont un vecteur essentiel pour la vente, l’approche de nouveaux clients ou encore le positionnement envers les clients existants. Le virtuel ne remplace pas cela, même si les initiatives de hub.brussels et de ses partenaires ont été appréciées en temps de Covid.
eat! BRUSSELS, drink! BORDEAUX, Biofach, Speciality & Fine Food Fair: autant de grands-messes du secteur de l’alimentation, que les entreprises bruxelloises n’entendent manquer sous aucun prétexte cette année.
À peine rentrées du Salon Anuga à Cologne, de nombreuses entreprises bouclent donc déjà leur valises pour Amsterdam, direction le salon Free From Functional Food Expo.
« Les opportunités se créent aussi lors des salons internationaux » confirme Catherine Bodson, de Pipaillon. « J’ai déjà participé à de nombreuses foires et salons car cela me permet d’échanger avec les visiteurs, de leur faire goûter à mes produits et de les convaincre de les ajouter à leur catalogue. »
« L’étranger, ou en tous cas l’Europe, ce n’est pas vraiment l’étranger », ajoute même Julien Gaucherot de Buddy Buddy . « Si on veut exporter en France, aux Pays-Bas, en Allemagne, il n’y a pas de droits de douane, de taxes d’exportation ou d’importation, c’est vraiment hyper simple.»*
Et à Pascal Smet, Secrétaire d’Etat en charge des Relations européennes et internationales, de conclure: « Créer un tissu de PME qui sont capables de survivre et se développer, tant sur le territoire bruxellois qu’à l’étranger : c’est ça, l’avenir de Bruxelles. »*
Comme Catherine, Julien, Matt, Jeffrey et Laurent, vous souhaitez ravir les papilles du monde entier avec vos produits?
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