Covid-19 & entrepreneuriat féminin: quel impact?
Malgré l’augmentation des difficultés et de la charge mentale occasionnée par la crise, les entrepreneures bruxelloises font preuve d’optimisme et d’une incroyable résilience: 90% de celles qui ont témoigné souhaitent continuer leur activité. C’est ce qui ressort de l’enquête menée par Women in Business, la plateforme de hub.brussels dédiée aux entrepreneures bruxelloises.
Même si la crise a abouti à l’exacerbation des éléments qui entourent les disparités auxquelles elles faisaient déjà face avant la pandémie, les (futures) cheffes d’entreprise bruxelloises révèlent une grande détermination et un remarquable optimisme : 77% des entrepreneures en devenir ambitionnent ainsi de se lancer dans les prochains mois.
C’est ce que révèle l’étude menée entre février et mars 2021(pour l’étude quantitative) par WIB auprès de 200 entrepreneures et aspirantes entrepreneures.
Une enquête pour comprendre les enjeux de la relance
Même si elles ne représentaient globalement que 28,4% des indépendant.e.s en 2019 à Bruxelles, les femmes entrepreneures y sont plus nombreuses que dans n’importe quelle autre région du pays, en particulier dans l’Horeca, l’évènementiel, le tourisme et la culture. Dans ces secteurs lourdement impactés par les mesures sanitaires liées au covid-19, leur taux de représentation monte à environ 45%.
Elles continuent aussi à affronter de nombreux freins structurels qui les empêchent souvent d’entreprendre et/ou de prospérer dans le monde entrepreneurial. À l’heure où le gouvernement fédéral prépare la sortie de crise, une analyse centrée sur la situation des Bruxelloises semblait donc essentielle pour comprendre les enjeux d’une relance de l’économie dans son ensemble.
Un volet qualitatif et un volet quantitatif
Dès avant la fin de la pandémie, hub.brussels, via sa plateforme Women in Business, a désiré mener une enquête à la fois quantitative et qualitative sur base participative afin de déterminer l’impact de la crise sur le business des entrepreneures bruxelloises mais aussi leurs besoins et attentes dans ce contexte.
L’objectif de l’analyse quantitative effectuée en ligne est de mesurer le ressenti des (futures) entrepreneures face à la crise sanitaire, de mieux connaître leurs profils, la situation de leurs projets entrepreneuriaux et leurs éventuelles attentes.
Quant à l’analyse qualitative, réalisée au mois d’octobre 2020 auprès de deux groupes de discussion, elle a permis d’évaluer le vécu et le ressenti des participantes, à travers le prisme de l’expérience et de la subjectivité.
La crise comme élément aggravant des disparités
Les résultats de cette enquête mettent l’accent sur l’exacerbation des éléments qui entourent les disparités auxquelles les entrepreneures bruxelloises devaient déjà faire face avant le déclenchement de la crise et font ainsi écho aux préoccupations relatives à la situation des femmes dans le monde déjà soulevées par diverses institutions internationales.
« Ma petite de 3 ans me dit que les femmes sont infirmières et les hommes docteurs! C’est comme si, avec les exemples que nous donne la société, on rêvait moins, on avait moins d’ambition. Pour aider les femmes à entreprendre à Bruxelles, il faut prendre le problème de la place des femmes dans sa globalité, sinon on ne s’en sortira pas. »
Quelques chiffres permettent d’objectiver l’impact de la crise du Covid-19 sur l’activité des répondantes : 62% d’entre elles ont perdu plus de 50% de leur chiffre d’affaires et si elles sont 51% à déclarer disposer encore de trésorerie, 90% indiquent ne pas pouvoir encore tenir plus de six mois.
Autre constat largement partagé: si toutes les entreprises ont été fortement impactées, les contraintes liées à la garde des enfants ou au ménage ont incombé principalement aux femmes, ainsi contraintes de supporter une charge mentale aggravée par les mesures sanitaires et confrontées à la difficulté d’atteindre un équilibre vie privée/vie professionnelle satisfaisant.
« Etant une femme, la charge au niveau professionnel et familial est augmentée. (…) J’ai dû prendre en charge les activités familiales en plus de mes activités professionnelles et j’ai dû faire preuve de beaucoup de flexibilité. Parce que je décide de mes heures de travail, j’ai dû me rajouter une charge supplémentaire (la charge de la famille) en plus de ma charge professionnelle. C’est un facteur à prendre très sérieusement en compte. Les femmes doivent être aidées pour faire face à cette double charge », témoigne Isabelle, 40 ans, probablement l’une de ces 40% de femmes qui, selon une étude de la Fondation des femmes, « pendant le confinement du printemps 2020, ont consacré plus de 4 heures par jour aux enfants, soit le double des hommes.»
Optimisme et résilience
Mais l’enquête démontre aussi qu’il en fallait plus pour décourager les entrepreneures bruxelloises, qui ont affiché une résilience et un optimisme remarquables. Parmi les répondantes, 90% souhaitent continuer leur activité, alors que 77% des entrepreneures en devenir ambitionnent de se lancer dans les prochains mois et que plus de 55% prévoient de repenser leur business model afin qu’il soit plus en phase avec les nouvelles opportunités économiques et habitudes du consommateur.
«J’ai détaché ma personne de l’entreprise. Le confinement je l’ai bien vécu, en tant qu’indépendante, on a eu de l’aide et des primes pour survivre, ça m’a permis de me former davantage. À la base, j’avais l’idée de créer mon business en ligne, le business physique a pris le dessus, et le confinement m’a appris que mon business en ligne n’était pas en mesure de me procurer les revenus passifs que j’espérais. J’ai pu travailler là-dessus, j’ai entretenu ma communauté et qui continue à grandir, et donc de nouveau, je pense que je ne suis pas à plaindre, j’ai pu rebondir.» résume Fati, 35 ans.
Une table ronde rassemblant les forces vives de l’entrepreneuriat féminin à Bruxelles
Un tel élan, un tel enthousiasme méritent d’être soutenus par le biais de mesures publiques tenant compte de la situation particulière des entrepreneures dans le tissu économique belge et plus particulièrement bruxellois.
Barbara Trachte, Secrétaire d’Etat à la Région de Bruxelles-Capitale, chargée de la Transition économique, dans le cadre de développement de l’action gouvernementale, va notamment mettre sur pied, dans les semaines à venir, une table ronde rassemblant l’ensemble des réseaux entrepreneuriaux féminins. « Il y a une demande, dans l’écosystème de l’entrepreneuriat féminin, de pouvoir réfléchir à des réponses spécifiques par rapport aux problématiques auxquels les femmes entrepreneuses sont confrontées. Nous y travaillons, avec WomenInBusiness. Il est en effet fondamental, de soutenir les publics rencontrant le plus de freins à lancer ou développer des projets entrepreneuriaux ».