Bruxelles, circulaire de la fourche à la fourchette
Bruxelles sera-t-elle en mesure, à l’horizon 2035, de produire à domicile 30% de la demande locale en matière de fruits et légumes, comme le prévoit sa Stratégie Good Food? Nos entrepreneurs sont en tous cas prêts à relever le challenge, si l’on en croit le récit d’un chicon bruxellois qui, de sa naissance à son trépas, n’eut pas une fois à se faire appeler endive.
L’espace agricole est rare à Bruxelles. Sur les 268 hectares disponibles, seuls 2% de cette surface sont consacrés à l’agriculture biologique. Pour pallier cette pénurie, les entreprises bruxelloises voient une fois de plus les choses en grand, tirant parti d’espaces non exploités: culture de champignons dans des caves, aquaponie sur les toits, potager sur les murs…
Ingénieux, ces systèmes de production innovants et 100% circulaires gagnent aujourd’hui du terrain à Bruxelles. Et leur audace se décline sur toute la chaine de consommation.
Panorama de l’offre circulaire à Bruxelles, par le prisme de notre cluster circlemade.
De chicon terreux à chicon gratin
L’axe principal de la Stratégie Good Food? Développer une production agricole professionnelle durable, afin d’augmenter significativement la résilience alimentaire de la ville. Et ce, via une production urbaine innovante et durable, performante tant au niveau environnemental qu’économique.
Production – in house, de la cave au plafond
Plusieurs systèmes de productions innovants se développent depuis quelques années à Bruxelles.
L’agriculture urbaine, tout d’abord, suggère la production de légumes, de fruits et autres aliments en ville. À Bruxelles, Smala Farming cultive ainsi des fruits et légumes sur une parcelle à Anderlecht et Urban Harvest des herbes aromatiques dans sa ferme verticale à Etterbeek, tandis que Skyfarms outille et accompagne les entreprises et les particuliers dans la création de leur propre potager urbain.
L’aquaponie combine quant à elle l’aquaculture (l’élevage de poissons) et l’hydroponie (la culture de légumes hors sol). L’eau qui circule dans le système est enrichie en nutriments par les poissons et ensuite filtrée par les légumes qui y puisent les éléments nécessaires à leur croissance. CQFD. À Bruxelles, BIGH élève poissons et légumes sur le toit du Foodmed tandis qu’Aquaponie accompagne les entreprises et Bruxellois.es dans la réalisation de leur propre système aquaponique.
La myciculture, enfin, consiste en la culture de champignons comestibles, dans des endroits frais et humides. Et puisque rien ne se perd mais tout peut se créer, Permafungi et Eclo cultivent des champignons, respectivement sur du marc de café et de la drèche de bière/ du pain rassis dans des caves bruxelloises.
Et pour irriguer tout ça ? Pas besoin d’engrais polluant, quand Bruxelles a Fyteko. Cette start-up en biotechnologie propose ainsi du biostimulant naturel, le « Nurspray », qui nourrit aujourd’hui notamment aussi les sols africains et sud-américains.
Distribution – du local en bocal
Anderlechtois ou etterbeekois, notre chicon n’en reste pas moins bruxellois. Et son distributeur devrait idéalement l’être aussi. Pour ce faire, les alternatives à la grande distribution existent et sont de plus en plus nombreuses.
Les bio markets, comme Barn ou Origin’o proposent ainsi des produits en vrac et le plus souvent de saison, issus directement des producteurs locaux. Roots va même encore un pas plus loin, compostant les déchets organiques de sa clientèle pour en faire de l’engrais, directement réutilisé par ses maraichers fournisseurs. C’est pas beau ça ?
Les coopératives proposent quant à elles un accès exclusif à des produits locaux et de première main à leurs membres, moyennant que ceux-ci tiennent la boutique 2 ou 3 heures par mois. Notons, à Bruxelles, BEES coop ou Terroirist.
Pour une petite course rapide, on se tourne plutôt vers les conserveries et leurs produits artisanaux en bocaux consignés. À Bruxelles, Pipaillon propose ainsi confitures, chutney et marmelade, tandis que BAM! décline une gamme de mix sucrés et salés sains et équilibrés.
Enfin, pour les plus pressé.e.s, e-farmz propose des box repas, paniers & produits bio, commandables directement en ligne.
CONSOMMATION – du fast food durable
Notre chicon a trouvé acheteur. Voyons maintenant à quelle sauce il sera mangé…
Finira-t-il chez Refresh, cantine de quartier durable? Chez Boentje café, café zéro déchet mitonnant des petits plats du jour… avec chicon gratin au menu? Ou chez BeCook!, cuisine partagée à destination des entrepreneurs du secteur de l’alimentation?
RÉUTILISATION – Et tu redeviendras… soupe, jus, cracker
L’avantage d’une boucle, c’est qu’elle n’en finit pas de tourner. Ainsi, en économie circulaire, même les déchets ont leur rôle à jouer.
- Donnez de la drèche de bière à Beerfood ou MAD LAB ; ils en feront des crakers.
- Donnez des invendus de légumes (comme notre chicon) à enVie ; ils en feront de la soupe.
- Donnez des invendus de fruits à FruitCollect ou Fruitopia, ils en feront des jus.
Donnez des challenges aux entreprises bruxelloises ; elles en feront des opportunités, à la louche.