Pourquoi et comment réindustrialiser Bruxelles
La délocalisation progressive de l’industrie bruxelloise a entraîné des conséquences lourdes pour la Région : pollution, embouteillages, perte d’emplois qualifiés, baisse d’innovation locale, dépendance aux chaînes d’approvisionnement internationales. Cette situation éloigne les citoyen·nes des processus de production et freine la transition vers une économie circulaire, vitale pour l’environnement.
Dans ce contexte, circlemade, notre cluster pour l’économie circulaire, a réuni un groupe de travail composé d’acteurs industriels locaux pour imaginer une nouvelle voie: celle d’une production en ville qui soit à la fois pourvoyeuse d’emplois et de valeur, durable et adaptée aux besoins des habitant·es de Bruxelles.
Pourquoi réindustrialiser Bruxelles ?
Alors que les zones urbaines concentrent de plus en plus de population, la production locale apparaît comme un levier stratégique pour répondre aux défis climatiques, économiques et sociaux. Grâce à la proximité, les industries urbaines favorisent les circuits courts, créent des emplois locaux et encouragent une consommation plus responsable.
À Bruxelles, les industries circulaires par exemple apportent une solution innovante en intégrant le recyclage, l’upcycling et la revalorisation de matériaux pour produire des biens éco-conçus adaptés aux besoins locaux. En soutenant ces industries, Bruxelles fait le pari d’une économie locale forte et d’une résilience accrue, tout en favorisant un mode de consommation plus responsable pour ses habitant·e·s.
10 incitants pour maintenir l’industrie en ville
En 2023, le cluster circlemade a approfondi sa stratégie pour davantage soutenir les entreprises de production circulaire implantées à Bruxelles, ce type d’entreprises devant faire face à davantage de défis. Dans ce cadre, le cluster a émis une série de recommandations pour rendre l’industrie en ville durablement rentable et compétitive.
1) Préserver et adapter les espaces de production
Avec la raréfaction des terrains industriels, il est essentiel de mutualiser les espaces et de sécuriser des baux à long terme. La création de hubs régionaux – des sites partagés pour la fabrication, le stockage et la logistique – devrait offrir une solution pérenne pour les petites industries circulaires en pleine croissance.
2) Faciliter l’accès aux matières premières locales
Pour soutenir la production circulaire, le groupe de travail de circlemade recommande de faciliter l’accès aux flux de déchets de qualité à des fins de revalorisation. Une collaboration renforcée avec les acteurs bruxellois qui assurent la collecte et la reprise des équipements et déchets pourrait permettre aux entreprises locales de s’approvisionner en ressources secondaires, générant un cycle vertueux de réutilisation et limitant l’impact environnemental.
3) Encourager l’innovation
L’industrie circulaire en ville bénéficie des avancées technologiques pour intégrer des méthodes de production innovantes et adaptées aux espaces urbains. La digitalisation, la robotique et l’impression 3D entre autres permettent aux entreprises de développer des produits en petites séries tout en minimisant leur empreinte écologique. Grâce à l’industrie 5.0, elles mettent l’humain au cœur du processus.
4) Simplifier l’accès aux permis et aux financements
Les procédures d’octroi de permis et l’accès aux financements sont des obstacles majeurs. Circlemade recommande de réduire les délais d’accès aux permis et de maintenir les majorations dans l’accès aux primes et aux financements pour faciliter le lancement et la croissance des entreprises circulaires.
5) Développer des formations adaptées aux métiers de l’industrie circulaire
Face au besoin en main-d’œuvre qualifiée, il est crucial de travailler avec les centres de formation pour préparer une nouvelle génération de talents bruxellois aux métiers de la production circulaire, en particulier pour les métiers en pénurie (électromécanique, réparation, etc.).
6) Intégrer l’économie circulaire dans la fiscalité
La fiscalité peut encourager l’économie circulaire en réduisant les taxes sur la main-d’œuvre locale et les réparations, ou en ajustant la TVA sur les produits reconditionnés (voire upcyclés). Cela permettrait de rendre les produits issus de la revalorisation plus compétitifs par rapport aux biens neufs issus de l’économie linéaire.
7) Intégrer la chaîne de valeur de manière verticale
Pour assurer leur pérennité en ville, les industries circulaires doivent viser une intégration verticale, c’est-à-dire maîtriser l’ensemble des étapes de production jusqu’à la vente au consommateur final. En adoptant un modèle de services avec une relation client continue, elles peuvent maximiser la valeur ajoutée sans recourir à des intermédiaires, et mieux absorber les coûts de production urbaine.
8) Faciliter la mobilité et la logistique des marchandises
La logistique en ville est un défi pour les industries circulaires. Circlemade propose d’intégrer des solutions de transport durable et des centres de distribution de taille moyenne répartis dans chaque commune, permettant une livraison optimisée en zones urbaines.
9) Stimuler la recherche et le développement
Circlemade recommande de renforcer les liens entre les entreprises circulaires, les centres de recherche et les hautes écoles ainsi que les organismes régionaux pour stimuler l’innovation dans les technologies de production adaptées aux espaces urbains. La R&D dans le domaine de l’éco-conception et de la fabrication d’équipements de taille réduite est cruciale pour que ces entreprises soient compétitives.
10) Renforcer et encourager le scaling-up
Les industries circulaires rencontrent des défis spécifiques en phase de croissance. Circlemade suggère un accompagnement renforcé en matière de digitalisation, structuration des process et accès aux financements pour aider les entreprises à passer à une échelle supérieure tout en maintenant une production durable.
Ces recommandations visent à faire de Bruxelles une capitale pionnière, où production locale et résilience économique vont de pair.